CERIMP Lyon - Institut scientifique observatoire psy
Toutes les directives administratives et sanitaires tendent maintenant à assurer les meilleurs soins disponibles et possibles ... aux budgets financiers. Les malades ? Qu’ils fassent donc eux aussi un effort d'économies !
L’argent des soins est à odeur variable
Depuis plusieurs années, « l’innovation » des traitements est à l’initiative des seules industries privées. En effet, aucune structure sanitaire publique n’a reçu les moyens d’étude, de développement, et d’information, sur des médicaments réellement nouveaux.
Il n’est donc pas surprenant que, au lieu de servir aux études publiques, les budgets de santé sont maintenant utilisés pour le grand bonheur des actionnaires des laboratoires et autres entrepreneurs.
Ainsi, des produits contre l’hépatite sont à 56 000 euros la cure, ainsi que le reporte le journal Les Echos. Un antipsychotique comme la palipéridone est entre 99 et 456 euros par mois, ce qui est intéressant, si on pense que la France compte 600 000 malades, porteur d’un délire susceptible de recevoir un tel traitement. Si on arrive à traiter avec ce produit un quart de nos malades, on pourrait avoir une dépense de 75 millions d’euros pour cette seule pathologie … Si on veut autre chose, la quétiapine est à 175 euros les 10 cp, soit le traitement de 5 jours.
Au lieu de favoriser la grande épargne internationale, ne faudrait-il pas que les bénéfices viennent plutôt en retour dans le financement de l’innovation en santé publique ?
Conseils aux laboratoires pour les soins apportés aux étrangers
Récemment, 2 informations financières d'importance. La première, c'est la dette des patients étrangers qui viennent se soigner en France.
Cette dette ? Facile, 119 "millions" d'euros, lit-on dans Le Parisien, relayé par Le Figaro
La deuxième ? C'est la hausse du chiffre d'affaire des laboratoires, qui se monte à 28 "milliards" d'euros, pour la même période, et pour le même Figaro.
Comme le but de notre centre est de tout évaluer, en somme, le « coût » des soins aux étrangers est à un rapport de 0,00425 .
Ma proposition est donc que les laboratoires fassent « don », à la sécurité sociale de ces 119 millions; il leur restera 27,881 milliards d’euros. Curieux que la revue n’ait pas eu la même idée !
Un ouvrage qui éclaire les nouvelles modalités de soins, pour la psychiatrie - (mise en ligne : juillet 2015)
LE MANAGEMENT DÉSINCARNÉ C EST COMPLÈTEMENT FOU !
Des salariés ont pris une importance inédite dans l’encadrement du travail aujourd’hui. Consultants ou cadres de grandes organisations, Marie-Anne Dujarier les appelle les « planneurs », car ils sont mandatés pour améliorer la performance des entreprises et des services publics au moyen de plans abstraits, élaborés bien loin de ceux et de ce qu’ils encadrent. Spécialisés en méthodes, ressources humaines, contrôle de gestion, stratégie, systèmes d’information, marketing, finances, conduite du changement, ils diffusent et adaptent des dispositifs standardisés qui ordonnent aux autres travailleurs ce qu’ils doivent faire, comment et pourquoi. [résumé d'éditeur]
Ce n'est pas la maladie mentale qui est difficile à vivre dans mon métier. C'est le management. Le fait qu'on nous demande de faire sortir les gens coûte que coûte, même quand ils vont mal. C'est pour les statistiques. Le fait de devoir faire les clowns devant le comité de la qualité. Quand ils sont venus, on a vite repeind les salles et le chef a mis dehors les malades les plus agités, pour faire propre. Et puis le fait de devoir noter ce que l'on fait. Tu décroches le téléphone, tac, faut le noter. Tu discutes avec un patient, tac, faut aller le dire à l'ordinateur... C'est complétement fou. [extrait préface] - Le management désincarné, M.-A. Dujarier, La Découverte, 2015.
Pour comprendre, les infos ci-dessous (ou, "plaçons notre argent en Suisse, non dans les hôpitaux")
1) La nouvelle du jour : Le gouvernement met les hôpitaux et les cliniques à la diète
Solveig Godeluck note en effet dans Les Echos que « ce sera une année de vaches maigres pour les établissements hospitaliers. Les tarifs administrés des actes que les hôpitaux et les cliniques facturent à la Sécurité sociale, révisés tous les ans, leur ont été annoncés ce mardi avec 10 jours de retard sur l’agenda. Et cela fait mal ».
« Ils baissent de 1% pour les actes pratiqués à l'hôpital et de 2,5% pour ceux en clinique. L’année dernière, les prix étaient restés stables dans le public et avaient légèrement reculé dans le privé (-0,24%) ». Ainsi, dans un hôpital célèbre, l'Agence de Santé "apprécie" le projet de protection des usagers, mais ne sera "pas en mesure de financer"
2) notre humour-conseil : d’après le site « Le Nouvel Economiste » Les placements atypiques
Plus les placements sont atypiques, plus le recours à des banques privées s’avère judicieux
http://www.lenouveleconomiste.fr/dossier-art-de-vivre/les-placements-atypiques-16587/
Alors que la crise pousse les investisseurs à s’orienter vers des placements qui les passionnent – vignobles, forêts, chevaux de course –, les banques privées développent leurs outils d’accompagnement et de conseil pour guider leurs clients dans ces placements plaisir […]
Février : DEUX NOUVELLES CE MOIS-CI (cherchez l'erreur, en comparant où sont passées les économies ?)
La ministre de la santé, Marisol Touraine, a bien arrêté, début février, la répartition du plan d'économies de 3 milliards d'euros prévu pour les hôpitaux d'ici à 2017, selon un document ministériel publié vendredi 27 février par Challenges. (Le Monde)
La France est le pays "qui a réalisé la meilleure performance et est également le plus important payeur de dividendes en Europe, en hausse de 30,3%" par rapport au deuxième trimestre 2013, souligne une étude publiée par la société de gestion Henderson Global Investors. Soit près de 31 milliards d'euros versés par les entreprises françaises. (Le Nouvel Observateur)
Brin de revue de presse :
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés déplore le manque de générosité des pays européens face à la terrible crise humanitaire en Syrie et en Irak. La terrible crise humanitaire qui sévit en Syrie et en Irak a conduit 2014 à une année noire en matière de demande d’asile. (rapport annuel publié jeudi 26 mars).
Avec 860 000 demandes (+ 270 000 par rapport à 2013) dans 44 pays industrialisés, le monde retrouve le niveau de 1992, au moment de l’implosion de l’ex-Yougoslavie. La France est passée du 2ème au 6ème rang. [...] En conséquence, le HCR demande aux États européens de renouer avec leur générosité passée.
A lire dans La Croix
Thérapie d'amélioration cognitive lors de schizophrénies avec abus de substances
Shan M. Eack and coll. - School of Social Work University of Pittsburgh. United States
Dans cet article, les auteurs vont souligner une découverte intéressante :
L'utilisation de substances est un problème fréquent lors de la schizophrénie et bien que beaucoup de malades aient usage de nombreuses substances, ils sont par choix, malgré des déficiences cognitives considérables, exclus des essais cliniques de remédiation cognitive !
L'étude a conduit une faisabilité à petite échelle de Thérapie d'Amélioration Cognitive (CET) pour évaluer la faisabilité et l'efficacité de mettre en œuvre ce traitement neurocognitif. Un total de 31 malades en consultation externe, avec dépendance à l'alcool et-ou utilisation de cannabis ont été randomisés sur 18 mois, en CET ou en soins habituels.
Ces résultats suggèrent qu'une fois engagé et stabilisé, CET est un traitement utilisable et potentiellement efficace pour soigner des déficiences cognitives chez des patients avec schizophrénie et qui utilisent à mauvais escient de l'alcool et-ou du cannabis. Ces patients qui peuvent s'engager dans le traitement sont alors capables de profiter de la remédiation cognitive et le traitement des déficiences cognitives peut alors aider à améliorer des résultats de diminution d'utilisation des substances, parmi cette population défavorisée.
Shan M. Eack and coll
School of Social Work University of Pittsburgh. United States
Accepted 17 November 2014
In Press
Schizophrenia Research
journal homepage: www.elsevier.com/locate/schres
Droits Elsevier réservés
Les chercheurs trichent : British Medical Journal, décembre 2014
“The association between exaggeration in health related science news and academic press releases: retrospective observational study”, par Petroc Sumner, BMJ 2014
Dans les communiqués et les études, on relève de nombreux abus : ils sont très fréquent, 40 % des communiqués universitaires sont excessifs , 33 % des liens de causalité sont faux, et 36 % des études sur les animaux sont présentées comme reproductible chez l'homme.
Or, quand les publications sont bien faites, les chiffres repris par les médias de l'information sont bien plus fidèles. En somme, les journalistes transmettent ce qui leur est confié, sans chercher trop à vérifier ou relire les informations qui sont reçues. On voit bien qu'il s'agit là de résultats en terme d'audience.
Les auteurs amplifient trop souvent les résultats, et trichent aussi sur les critères secondaires, qui passent au permier plan, pour leur effet attirant du discours. Chaque semaine, le cancer ou la maladie d'Alzheimer sont annoncés comme sources de nouveauté ... mais chez l'animal.
Quelques grandes revues sont évaluées plus fiables, mais même pour celles-ci, il convient de demeurer sur ses gardes. Dans le collimateur, une méconnaissance des chercheurs, de nombreux biais, et l'enthousiasme des auteurs, qui croient à leurs études de manière très excessive. Les motifs : pour la notorité, pour la carrière, et pour les choix financiers, dans le cadre de la recherche ... des fonds de recherche.
Afin de ne pas se faire avoir, ne pas lire seulement résumé et conclusion, mais surtout la méthodologie, les populations étudiées ... et tant mieux si le concours de l'internat inclut maintenant la lecture critique des articles médicaux !
L'article initial est bien sûr disponible sur demande
Dans la lecture de la revue Prescrire, sur 2014, certains points méritent d'être attentivement perçus.Ils seront détaillés ici.
Ainsi, on ré-apprend que la mirtazapine (Norset*) peut donner des rabdomyolyses (47 cas), pour ce produit proche de la miansérine. Ou que des comportements violents sont attribuables à fluoxétine, paroxétine, venlafaxine, d'autres ISRS, et même duloxétine, zolpidem, alprazolam ... quétiapine, aripiprazole, rispéridone ! Et la France est aussi champion des anticholinestérasiques (Prescrire, Fev.2014)
Le mois de mai insiste sur un débat mondial pour accès aux données cliniques, comme une lutte entre l'agence européenne et les firmes pharmaceutiques ; puis sur la banalisatzion du risque mortel de la rivastagmine (Exelon*) par une "fiche de suivi".
En juin, 3 dossiers fort utiles pour les internes : différencier confusion et démence, les soins psy sous contrainte, et en matière de précarité, un besoin de formation des soignants. Attention au sevrage brusque du baclofène : 10 cas de pré-DT , et au risque d'HTAP chez le nouveau né lors d'exposition de la mère à une ISRS en 2ème partie de grossesse ! (HTAP : hypertension artérielle pulmonaire). Et attention aussi aux risques de surdité irréversible sous acide valproïque ... ( Martindale, http://www.medicinescomplete.com )
En septembre, indication de risque accru de pneumopathies sous benzos, et de troubles du sperme avec les ISRS.
Une réalisation récente : exemple de recherche simple pour une demande d'interactions :
recherches d'interaction entre olanzapine, aripiprazole et citalopram
(sur demande)
Interaction Cyt 450 fraction Pgp - c'est moyen - pour olanzapine et rispéridone: risque hépatique
Interaction entre aripiprazole et citalopram (syndrome serotoninergique - voir Wikipedia, c'est bien fait : nausées, diarrhée, agitation, troubles du comportement, hallucinations, tremblements, rigidité musculaire, myoclonies, hyperréflexie, tachycardie, élévation de la pression artérielle, sueurs, hyperthermie)
Un chercheur dénonce l'inutilité de nombreux travaux scientifiques
une plus grande collaboration entre les équipes pour obtenir des échantillons plus importants et des résultats sans équivoque ; inciter à la reproduction des travaux pour s'assurer que les effets mesurés sont réels,ce qui passe par une standardisation et un partage totalement transparent des protocoles ...
Or, depuis 2003, la devise du cRPp est que ce qui est non transparents est à considérer comme biaisé ...
PASSEUR DE SCIENCES : Petites et grandes nouvelles dans l'actualité des sciences et de l'environnement. Ce mois, ainsi, "Un chercheur dénonce l'inutilité de nombreux travaux scientifiques"
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2014/10/29/un-chercheur-denonce-linutilite-de-nombreux-travaux-scientifiques/
Autre entrefilet :
Transl Psychiatry. 2014 Sep 16;4:e442. doi: 10.1038/tp.2014.66.
Blood transcriptomic biomarkers in adult primary care patients with major depressive disorder undergoing cognitive behavioral therapy.
Redei EE1, Andrus BM2, Kwasny MJ3, Seok J4, Cai X3, Ho J3, Mohr DC5.
An objective, laboratory-based diagnostic tool could increase the diagnostic accuracy of major depressive disorders (MDDs), identify factors that characterize patients and promote individualized therapy. The goal of this study was to assess a blood-based biomarker panel, which showed promise in adolescents with MDD, in adult primary care patients with MDD and age-, gender- and race-matched nondepressed (ND) controls. Patients with MDD received cognitive behavioral therapy (CBT) and clinical assessment using self-reported depression with the Patient Health Questionnaire-9 (PHQ-9). The measures, including blood RNA collection, were obtained before and after 18 weeks of CBT. Blood transcript levels of nine markers of ADCY3, DGKA, FAM46A, IGSF4A/CADM1, KIAA1539, MARCKS, PSME1, RAPH1 and TLR7, differed significantly between participants with MDD (N=32) and ND controls (N=32) at baseline (q< 0.05). Abundance of the DGKA, KIAA1539 and RAPH1 transcripts remained significantly different between subjects with MDD and ND controls even after post-CBT remission (defined as PHQ-9 <5). The ROC area under the curve for these transcripts demonstrated high discriminative ability between MDD and ND participants, regardless of their current clinical status. Before CBT, significant co-expression network of specific transcripts existed in MDD subjects who subsequently remitted in response to CBT, but not in those who remained depressed. Thus, blood levels of different transcript panels may identify the depressed from the nondepressed among primary care patients, during a depressive episode or in remission, or follow and predict response to CBT in depressed individuals.
PMID: 25226551 [PubMed - in process] PMCID: PMC4198533